top of page

Une réponse de Jigmé Rinpoché

Dernière mise à jour : 13 août 2022

Voici le texte complet de la retranscription de la traduction de la réponse en anglais que Jigmé Rinpoché a fait le 29 mai 2022 à une participante lors du cycle Tchenrézi à Dhagpo Kagyu Ling en Dordogne. Il nous amène à prendre conscience de l'intention que nous pouvons avoir quand nous mettons à méditer. C'est par ce texte que j'ai commencé la méditation du mardi 31 mai 2022.

Jigmé Rinpoché est le guide spirituel du centre bouddhiste de Dhagpo Kagyu Ling.



(j'ai repris telle quelle, la transcription de l'enregistrement)


Q : Je voudrais vous poser une question concernant la méditation. Lorsque je pratique la méditation j'arrive à observer certaines choses, je ne sais pas si elles sont justes. J'avais besoin de votre avis. Lorsque je médite j'essaie déjà de prendre les différentes postures et d'y être vigilante. Parce qu'il m'arrive parfois de piquer un peu du nez, de m'endormir et je m'aperçois que je n'arrive pas à être vraiment dans la méditation donc j'observe cela. J'observe également les pensées qui arrivent. Lorsque je vois que j'ai une pensée, je reviens à la respiration. Et à force de m'entraîner, il y a des moments, très brève, où j'arrive à voir un apaisement une quiétude, je suis dans la bonne posture, je suis vraiment relié à la respiration, et parfois il arrive comme une lumière violette dans mon esprit. Et dès que je fais une saisie sur cette lumière violette elle disparaît. J'ai l'impression que je lui donne une existence, alors qu'elle n'a pas d'existence. Elle est juste là, elle arrive. Et dès que mon esprit est perturbé par le fait qu'elle soit présente, elle disparaît. Je voulais savoir d'où vient cette lumière violette ? Est-ce que c'est une fabrication mentale ? Qu'est-ce que c'est ?

R : Une chose est importante, c'est de savoir dans la méditation ce que l'on cherche, pourquoi on médite. Si l'on médite simplement pour méditer et qu'il y a ensuite un tas de conditions qui s'élèvent dans l'esprit, bien sûr nous allons percevoir différentes choses et je ne dis pas que c'est mauvais, mais c'est simplement le processus ordinaire, c'est le fonctionnement ordinaire de l'esprit, un peu à l'image de si l'on travaille au soleil, il est normal que nous transpirions et de la même façon que si ensuite on va prendre une douche, ça va nous rafraîchir, et ce sera aussi normal, c'est dans le même ordre d'idées. Parce qu'en fait tout ce que l'on perçoit à présent fait simplement partie de l'illusion. Et finalement si on ne fait que suivre ce genre de choses, on ne fait que renforcer l'ignorance, et cela nous ramène dans le Samsara. C'est comme cela que ça fonctionne.

Quand nous parlons de la méditation, bien sûr nous pouvons méditer pour avoir une forme de détente, pour avoir une forme de calme, de quiétude. Mais il faut savoir que si nous méditons dans cette optique là, cela va toujours nous ramener dans le fonctionnement illusoire ordinaire, un peu à l'image de quand on boit de l'eau fraîche, ou un jus de fruits frais, cela va étancher notre soif, cela va nous rafraîchir. C'est un peu la même chose si l'on médite, forcément il y aura quelques bienfaits, mais c'est juste normal, cela reste dans un cadre ordinaire. Et ensuite une fois que l'on a bu notre jus de fruits frais, s'il fait chaud, on va de nouveau se remettre à transpirer.

Je ne dis pas que c'est mauvais, parce que nous avons besoin d'une forme de détente, d'une relaxation que nous apporte la méditation, de la même façon que nous avons besoin de de mettre à l'ombre quand il y a trop de soleil et que nous avons besoin de nous réchauffer quand il fait trop froid dehors. Mais lorsque nous méditons il faut avoir un but.

Un des premiers buts fait référence au moment présent, notre vie présente, c'est-à-dire notre vie humaine. Et nous voyons que nous ne pouvons pas être parfaits. Mais du fait de la pratique, nous pouvons accroître progressivement notre lucidité, c'est-à-dire être davantage lucide, avoir l'esprit plus calme et au fur et à mesure nous pouvons nous affranchir des distractions. Il ne s'agit pas de fuir notre situation humaine, mais de simplement plonger au cœur des distractions, et que l'esprit reste libre et affranchi et non perturbé par ces conditions. Bien sûr cela va aussi demander beaucoup d'amour bienveillant et pareil l'amour bienveillant n'est pas une échappatoire, n'est pas une fuite. C'est quelque chose qui est utile pour cette vie. Donc ça c'est un premier aspect.

Le deuxième aspect est que grâce à la méditation, il est possible de révéler quelque chose en nous, de dévoiler quelque chose en nous. Qu'est-ce qu'il s'agit de dévoiler, de révéler ? C'est le résultat de l'état de bodhisattvas. Parce que c'est ce qui nous permettra de ne pas rencontrer de nouveau du mal-être, c'est-à-dire que c'est en révélant ce potentiel en nous nous n'aurons plus à faire face et à éprouver de mal-être dans le futur. Alors si l'on pratique la méditation comme l'on pratique la gymnastique ou l'exercice physique, et c'est quelque chose de tout à fait bénéfique, mais cela revient simplement à devoir s'alimenter tous les jours. On ne peut pas prendre un repas une fois pour toutes, il faut continuer de prendre les repas tous le jours. C'est cela ce qu'on appelle le Samsara, c'est-à-dire que l'on se crée encore et encore les mêmes conditions, on fournit des efforts, on va aller dans une direction mais qui n'est que recréer les mêmes conditions. La première chose d'importante est donc d'apprendre le Dharma.

Donc ce deuxième point est de savoir clairement ce que l'on fait, ce que l'on veut actualiser, quel est notre but.

Et sur cette base là la troisième chose est de savoir comment appliquer les méthodes pour actualiser cela. Et ensuite cette méthode de la mettre en pratique jusqu'à ce que le résultat soit manifeste et ça c'est la direction, ou c'est la façon en fait de pratiquer le chemin emprunté selon le bouddhisme. Et pour suivre ces étapes de l'apprentissage du Dharma, il est nécessaire de soi-même vraiment se questionner, de savoir ce quoi on veut parvenir et d'appliquer les méthodes pour y parvenir,

Nous pouvons accomplir de nombreuses pratiques, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, c'est même très bien, mais il faut savoir ce que l'on cherche, quel est le point essentiel, quel est le fruit que nous souhaitons actualiser. Et sur cette base là, une fois que nous sommes clairs par rapport à ce que nous souhaitons actualiser, nous pouvons voir quelle est la méthodes qui peut permettre d'atteindre ce fruit. Bien sûr au début nous ne savons pas grand-chose, et même au sein du Dharma il y a tout un tas de choses qui sont intéressantes. Mais si nous sommes pris par toutes ces différentes choses, finalement il n'y aura pas vraiment un résultat au bout. La question à se poser est quel est le point principal, le point clé et qu'est-ce qui va me permettre de m'affranchir de la souffrance, de me libérer du mal-être. Il s'agit de mener cette recherche soi-même, sinon bien sûr tout est bon, tout est intéressant, et il y a toujours de la matière apprendre. Mais finalement tout ce que l'on apprend, tout ce que l'on acquiert, au final il n'y a rien que nous puissions vraiment utiliser. Mais à ce moment-là nous sommes un peu comme un collectionneur qui va collectionner tout un tas de choses. Et puis qu'est-ce qui se passe il remplit sa maison avec tout ce qu'il récolte et la maison est pleine des pièces qu'il a collectionnées, mais finalement il ne peut rien utiliser. Les choses sont juste entreposées. De la même façon nous pouvons apprendre de nombreux sujets, nous pouvons collectionner des connaissances mais nous savons alors plein de choses. Mais en fait ce que nous savons finalement ne nous sert à rien parce que cela ne nous permet pas de gérer les situations. Je ne dis pas qu'il ne faille pas étudier, qu'il ne faille pas pratiquer mais ce que je souligne ici, c'est qu'il s'agit de voir, d'être très clair, quant à ce que je cherche, ce que je veux et sur cette base là comment l'actualiser, ou comment l'accomplir. C'est toujours la simplicité la façon simple qui nous permet d'avoir de bons résultats. Ça c'est quelque chose à garder à l'esprit.

Il y a de terme en tibétain sur lequel il est bon de réfléchir qui signifie tourner en rond. Il s'agit en fait de voir quelle est la conséquence du fait de tourner en rond. Ce terme peut aussi être traduit par Samsara. Examinons si c'est ce que nous souhaitons en fait actualiser.

Il y a un autre terme qui signifie se libérer ou la libération. De la même façon examinons ce que cela veut dire en fait se libérer. Qu'est-ce qui nous libère ? Qu'est-ce qui nous permet de nous libérer ? Essayons de réfléchir à ces deux aspects. Qu'est-ce qui crée le fait que je tourne en rond ? Qu'est-ce qui crée le faite de pouvoir se libérer de la souffrance, du mal être? Cela prend du temps à examiner, demande du temps pour réfléchir. L'idée est de parvenir à voir pour moi-même ce qui me fait tourner en rond et ce qui est libérateur. Et ensuite nous pouvons voir quelles méthodes, quelle mise en œuvre il s'agit de pratiquer pour se libérer de la souffrance, de l'ignorance,de l'illusion. Parce que le monde offre tout un tas de bonnes choses en fait, un tas de bonnes et belles choses que l'on peut aussi appliquer, mettre en œuvre, qui sont intéressantes, mais à la fin il n'y a pas vraiment de progression, d'évolution cela revient toujours à la même chose et nous tournons donc en rond. Alors bien sûr on peut se dire je sais tout un tas de choses, maintenant je fais aussi beaucoup de choses sur cette base mais à la fin y a-t-il vraiment quelque chose qui est sûr et c'est sur la base de cette compréhension alors que nous pourrons choisir d'appliquer la pratique du Dharma.

.

2 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Flashs de conscience

Mes chers amis, Je partage avec vous une réponse de Ramana Maharshi à une question posée par un disciple. Ramana Maharshi partageait une voie très directe d'auto investigation qui est d'une grande s

bottom of page