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Les quatre pensées fondamentales


Mes chers amis,


Au XVIème siècle le Neuvième Karmapa, Wangchuk Dorje, a écrit une courte et magnifique prière que Jean Marc Falcombello (Lama Djinpa Lodreu) a traduite avec une grande précision et une grande sensibilité.

Cette prière est toute simple et nous rappelle quatre pensées que nous pouvons utilement raviver dans notre esprit afin de tenter de mener une vie consciente et d'éviter d'errer dans le cycles des existences sans fin, ou si vous préférez de trouver Dieu, ou encore que les corps, parole et esprit du maître racine s'accomplissent en nous.

Notre Nature de Bouddha brille de façon immaculée au centre de chacun de nous, de façon identique. Les voiles qui empêchent sa manifestation nous appartiennent à chacun en particulier et dépendent de nos tendances. Puissions nous passer notre précieuse existence humaine à dévoiler notre véritable nature plutôt qu'à la voiler davantage.


Je vous joins ci dessous le texte français et je vous donne le lien pour télécharger le document publié par Jean Marc Falcombello sur son site du CEBTG, avec le texte en tibétain.


Avec ma profonde amitié pour vous tous.


Philippe





Méditation sur les quatre pensées fondamentales


Prise de refuge 

Bouddha, Dharma et Sangha sublimes, en vous, jusqu’à l’Eveil je prends refuge.

Grâce à la générosité et aux autres vertus qui développent la richesse intérieure,

pour le bien des êtres, puissé-je accomplir l’Eveil !


Les quatre illimitées 

Que tous les êtres possèdent le bonheur et les causes du bonheur !

Qu’ils soient libres de la souffrance[1] et des causes de la souffrance !

Qu’ils ne soient pas séparés du bonheur ultime dépourvu de souffrance !

Qu’ils demeurent dans la grande équanimité libre de la partialité de l’attachement et de l’aversion !


Prière au maître racine

Précieux maître racine, vous qui demeurez au sommet de ma tête, sur un siège de lotus,

par grande bonté, prenez-moi sous votre tutelle

et accordez-moi les accomplissements de vos corps, parole et esprit !

 

Les préliminaires communs

1.La précieuse existence humaine

La récitation du sens des instructions sur l’existence humaine, libre, bien pourvue et difficile à obtenir


Premièrement, méditons sur cette précieuse existence dotée de libertés[2] et de richesses[3]. Elle est si difficile obtenir et si facilement détruite[4] que cette fois-ci, là maintenant, je lui donnerai tout son sens.


2. La mort et l’impermanence

Deuxièmement, contenant[5] et contenus[6] sont impermanents.

Mais plus encore, la vie des êtres est semblable à une bulle d’eau.

Le moment de la mort[7] est incertain et une fois mort, je serai un cadavre.

Dès lors, le Dharma étant bénéfique, je l’accomplirai avec diligence.


3. Les actes, les causes et leurs conséquences

Troisièmement, une fois mort[8], la liberté d’agir n’est plus présente[9].

Le karma étant mien et découlant de mes actes, j’abandonne les actions néfastes[10]

Et constamment, je déborderai[11] d’actions bénéfiques et vertueuses.

Pensant ainsi, chaque jour, j’observe le courant[12] de mon esprit.


4. Les défauts du samsāra

Quatrièmement, les lieux, les amis, les bonheurs et les possessions du samsāra, étant constamment tourmentés par les trois types de souffrances, ils sont comme les festivités offertes par le bourreau qui nous conduit à notre perte. Ayant tranché les liens puissants de l’attachement, j’accomplirai l’éveil avec diligence.


Tels sont les quatre préliminaires communs.


Dédicace

Par ce mérite, l’omniscience[13] est obtenue et les ennemis nuisibles sont défaits. Agités par les vagues des naissances, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, de l’océan du devenir, puissent tous ceux qui y transmigrent[14] être libéré !


© 2020 Djinpa Lodreu


[1] Le sens de duḥkha est très large et inclut aussi le mal-être et l’insatisfaction. C’est la première des quatre vérités ou vérités des nobles, catvāry āryasatyāni. Il ne s’agit donc pas d’une vision pessimiste de la réalité, mais bien d’un regard sans concession sur celle-ci, conscient de l’imperfection naturelle de toute chose, car comprenant que tout est conditionné.

[2] Être libre, c’est ne pas être soumis aux 8 servitudes décrites dans le Précieux ornement de la libération de Gampopa : Être né dans (1) les enfers, (2) préta, (3) animal, (4) barbare, (5) dieu de longue vie, (6) dans une ère sans bouddha, (7) convaincu d’idées fausses, ou (8) idiot.

[3] Gampopa décrit 5 richesses intrinsèques : (1) Être humain, (2) né au centre, où on a la possibilité de suivre des êtres sublimes (3) posséder toutes ses facultés, (4) avoir un karma non contraire et (5) avoir confiance dans la discipline enseignée par le Bouddha.

Et 5 richesses extrinsèques : (1) La venue d’un bouddha dans le monde, (2) le fait qu’il ait enseigné le dharma, (3) que ce Dharma existe encore, (4) qu’il soit pratiqué, et (5) qu’il y ait des êtres pleins d’amour pour les autres.

[4] Ce mot a aussi le sens de destructible, de périssable.

[5] Ici, le mot "contenant" est lié à la vision de l’univers comme étant un contenant qui donc contient ce qui s’y trouve, en l’occurrence, l’infinité des formes d’existence.

[6] Les univers et leurs habitants.

[7] Ce mot en tibétain indique aussi le processus de la mort.

[8] Ici le verbe mourir est au passé.

[9] Cette phrase est en général traduite par "au moment de la mort il n’y a plus de liberté". En tâchant de rester plus près encore du sens induit par les mots en tibétain, cela fait plus penser au fait qu’une fois mort, la liberté (dans le sens de la possibilité d’agir) n’est plus présente (dans le sens de n’être plus réunie).

[10] En sanskrit, on parlera de kuśala pour parler des actes vertueux, salutaires ou méritoires. Et on parlera de akuśala pour parler de ce qui n’est pas vertueux, salutaire ou méritoire. Il est important de se souvenir que les actes, soient vertueux ou non, le sont dans le sens de leurs effets et n’indiquent pas une forme de bien ou de mal en soi. Il n’y a donc pas, à proprement parlé, d’actes bons ou mauvais, mais des actes dont les conséquences sont bonnes ou mauvaises.

[11] Ce verbe en tibétain a le sens de passer, surpasser, transcender.

[12] Le sens de "gyu" en tibétain est riche de nombreux sens, dont celui, à la racine même du mot, de flot, de continuité, de lignée. C’est une façon d’évoquer le flot de l’esprit, qui n’est donc pas vu comme une chose en soi, fixe et rigide, mais bien comme un continuum, à l’image d’une rivière qui coule sans cesse et change, d’instant en instant. C’est donc ce flot que l’on observe, d’instant en instant.

[13] Littéralement "ce qui est vu en totalité" peut être traduit par "omniscience", la connaissance de toutes choses. Mais en même temps, c’est une des épithètes du Bouddha, car l’éveil ultime qu’il représente est omniscient par essence.

[14] En tibétain, le verbe "dro wa" correspond littéralement au verbe "aller". C’est ce verbe qui est utilisé pour parler des "êtres", indiquant ainsi que les êtres sont ceux qui vont et viennent, d’un lieu à l’autre du samsara, d’existence en existence. D’où l’idée de migration et de transmigration, car de fait, nous sommes tous des migrants, traversant la vie et les événements, de notre naissance à notre mort et de vie en vie.

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