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L'appel au Lama de loin

Mes chers amis,


Lors de la méditation d'hier j'ai lu la magnifique prière de l'appel au Lama de loin.

Je vous donne le texte de la prière ci-dessous.

Avec amitié pour vous tous.


Philippe




༄༅། །$་མ་'ང་འབོད།

L’appel au

Lama de loin

Une prière de dévotion

composée par Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé

 

L’appel au Lama de loin. Une prière pour établir la dévotion en notre cœur.


Hommage au Gourou !

 

La pratique consistant à appeler les gourous au loin est peut-être bien connue de tous. Cependant, la clé pour invoquer les bénédictions est de susciter une dévotion qui ne se limite pas à de simples paroles, mais qui est inspirée par le désenchantement et le renoncement. Elle doit être ressentie du plus profond de son cœur, depuis la moelle de ses os. Récitez donc cette prière sur un air mélodieux avec la certitude décisive qu'il n'y a pas de bouddha plus grand que le gourou.

 

Gourou, vous qui savez ! Gourou, vous qui savez !

Maître racine plein de bonté, veillez sur moi !

Vous êtes l'essence des Bouddhas des trois temps ;

Vous êtes la source du Saint Dharma, des écritures et de la réalisation ;

Seigneur de la Sangha, la noble assemblée :

Gourou racine, veillez sur moi.

Grand trésor de bénédictions compatissantes,

Source des deux siddhas[1],

Vous octroyez par votre activité tout ce qui est souhaité,

Gourou racine, veillez sur moi.

 

Gourou Amitābha, vous qui savez,

Regardez-moi depuis l'étendue de la simplicité du dharmakāya.

Guidez-nous, vagabonds samsariques au lourd karma,

En la terre pure de grande félicité.

 

Gourou Avalokitésvara, vous qui savez,

Regardez-moi depuis l'étendue de luminosité du sambhogakaya.

Apaisez pleinement les souffrances des six classes d’êtres,

Et remuez vigoureusement les profondeurs des trois royaumes du sâstra.

 

Gourou Padmasambhava, vous qui savez,

Veillez sur moi depuis le « Lotus Lumineux » de Cāmara[2].

En cette époque sombre et sans refuge, nous, les peuples en détresse[3],

Par compassion, protégez-nous avec célérité.

 

Gourou Yeshé Tsogyel, vous qui savez,

Regardez-moi depuis la cité céleste de la grande félicité.

Libérez-nous de l'océan du sâstra, nous, les malfaiteurs,

Et délivrez-nous en la citadelle de la libération.

 

Gourous de la lignée des écritures et des termas[4], vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de la sagesse de l'union.

Percez le sombre donjon de mon esprit trompé,

Et faites s’élever le soleil de la réalisation.

 

Omniscient Trimé Özer[5], vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue spontanée des cinq lumières.

Aidez-moi à atteindre la pleine puissance de réalisation de la pureté originelle,

Et ainsi à mener les quatre visions[6] à leur terme.

 

Seigneur Atiśa, père incomparable et vos héritiers, vous qui savez !

Regardez-moi depuis Tuṣita, au milieu d'une centaine de divinités.

Vous, quintessence de la vacuité-compassion,

Faites que l’esprit d’éveil naisse en le flot de mon esprit.

 

Ô trois siddhas suprêmes, Marpa, Mila et Gampopa, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace vajra de la grande félicité.

Aidez-moi à accomplir la grande félicité-vacuité, le siddhi suprême du Mahāmudrā,

Et faites que le dharmakāya s’éveille au sein de mon cœur.

 

Karmapa, puissant seigneur du monde, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace de la vaste expansion de votre activité subjuguante pour les êtres.

Aidez-moi à réaliser que toutes les choses sont irréelles et illusoires,

Et faites que les apparences et l'esprit s'élèvent comme les trois kāyas.

 

Maîtres Kagyü des quatre grandes lignées et des huit petites, vous qui savez !

Regardez-moi depuis le royaume des pures apparences.

Aidez-moi à dissiper l'illusion des quatre états[7],

Et faites que se développe pleinement les expériences et la réalisation.

 

Ô cinq fondateurs des Sakya, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue du saṃsāra et nirvāṇa inséparables.

Aidez-moi à combiner la vue pure, la méditation et la conduite,

Et faites qu’ainsi soit parcouru le suprême chemin secret.

 

Incomparables Shangpa Kagyü, vous qui savez !

Regardez-moi depuis les terres pures du Bouddha.

Aidez-moi à bien m’entraîner aux moyens et à la libération,

Et permettez-moi ainsi d’atteindre l’union de la non-étude[8].

 

Grand siddha Tangtong Gyalpo, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de la compassion sans effort.

Aidez-moi à accomplir la conduite yogique, réalisation de la non-réalité des phénomènes,

Et ainsi à acquérir la maîtrise de prāṇa et de l'esprit.

 

Padampa Sangyé, Père unique, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace de l’activité totalement accomplie.

Faites que les bénédictions de la lignée imprègnent mon cœur,

Et que les liens favorables abondent de toute part.

 

Matchik Lapdrön, Mère unique, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de la perfection de sagesse.

Aidez-moi à annihiler cette exaspérante saisie du « je »,

Et à voir la vérité de l’absence de soi sans élaboration.

 

Omniscient Dolpo Sangyé, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace des aspects suprêmes de l’apparence-vacuité.

Aidez-moi à maintenir le souffle dans le canal central,

Et ainsi, atteindre le corps vajra au-delà de toute transmigration.

 

Vénérable Tāranātha, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace des trois messagères.

Aidez-moi à traverser sans encombre le chemin secret du vajra,

Et ainsi accomplir le corps d'arc-en-ciel céleste.

 

Terchen Chokgyur Lingpa, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue du dharmakāya omniprésent.

Les pensées duelles se résorbant dans l'état de non-naissance,

Puissè-je maintenir la conscience naturelle en son propre état9.

 

Orgyen Dechen Lingpa, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace auto-lumineux du saṃbhogakāya.

Que se manifeste la présence spontanée des cinq kāyas et sagesses,

Libres de tout abandon et de toute atteinte.

 

Zhikpo Lingpa, omniprésent, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'état de compassion qui apprivoise les êtres.

Aidez-moi à découvrir le joyau de l'esprit qui est en moi,

Afin que la réalisation de la base puisse être parfaite.

 

Bodhisattva « Essence de Lotus », vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de la trame illusoire.

Faites que, du roi de la sagesse primordiale, sublime seigneur des quatre kāyas,

Je sois totalement inséparable.

 

Jamyang Khyentsé Wangpo, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace de sagesse de la double connaissance.

Dissipez l'obscurité mentale de l'ignorance,

Et faites briller la lumière de la connaissance suprême.

 

Ösal Trülpé Dorjé11, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de lumières arc-en-ciel à cinq couleurs.

Aidez-moi à nettoyer toutes les impuretés des bindu, prāṇa, et esprit,

Et ainsi, m'éveiller comme le corps juvénile du vase.

 

Pema Do-Ngak Lingpa, vous qui savez,

Regardez-moi depuis l'étendue immuable de la félicité-vacuité.

Toutes les intentions des vainqueurs et de leurs héritiers,

Faites que je puisse complètement les combler.

 

Ngawang Yönten Gyatso, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'étendue de l’union de l’espace-sagesse.

Faites que je réduise à néant toute réification des apparences,

Et que tout ce qui se présente soit amené dans le chemin.

 

Lodrö Tayé, fils de vainqueurs, vous qui savez !

Regardez-moi avec amour et compassion.

Aidez-moi à reconnaître tous les êtres comme mes parents pleins de bonté,

Et ainsi accomplir de tout cœur le bien d’autrui.

 

Pema Gargyi Wangchuk, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace lumineux de la grande félicité.

Faites que les cinq poisons soient libérés en les cinq sagesses,

Afin que soit détruite la dualité de l’abandon et de l'atteinte.

 

Tenyi Yungdrung Lingpa, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace de l’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa.

Faites que la dévotion naturelle naisse dans mon esprit,

Et que la réalisation et la libération soient simultanées.

 

Karma Urgyen, fils de siddhas, vous qui savez !

Regardez-moi depuis l'espace de sagesse de la conscience-vacuité.

Laissez-moi recevoir la transmission de la sagesse en tant que votre enfant destiné·e,

Et faites que je m’empare ainsi du royaume de la réalisation 12.

 

Gourou racine plein de bonté, vous qui savez !

Regardez-moi depuis la demeure de la grande béatitude « la couronne de la tête ».

Faites que je voie mon propre visage comme le dharmakāya autoconnaissant,

Et qu’ainsi j’accomplisse la bouddhéité en une seule vie !

 

 

Hélas ![9]

Les êtres tels que moi, affublés de lourds karmas et d’actes néfastes,

Depuis des temps immémoriaux, sans cesse nous avons erré au long des existences.

Et pourtant, bien que nous éprouvions continuellement la souffrance,

Pas un instant ne s’élève en nous la moindre lassitude.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que s’élève un profond renoncement.

 

Bien que j'aie obtenu libertés et richesses, j’épuise cette vie en vain,

Perpétuellement distrait·e par des activités vides de sens.

Plutôt qu’œuvrer au sens élevé de la libération, la paresse m’emporte.

Et je reviens les mains vides de l’île aux joyaux.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que ma vie ait un sens.

 

Sur cette terre, personne n’est épargné par la mort :

À cet instant, l’un trépasse après l’autre.

Et moi aussi, rapidement, il me faudra mourir,

Mais, insensible, je m’apprête à demeurer sans cesse.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que l’urgence en moi se fasse plus pressante.

 

Les ami·e·s et les proches, plaisant·e·s et charmant·e·s, de chacun·e l’on se sépare.

Et ces biens et fortunes, par l’avarice amassés, c’est autrui qui en jouit.

Même ce corps que l’on chérit, sitôt mort voilà qu’on le jette,

Et ma conscience dans les bardos étranges poursuit l’errance des existences.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi qu’enfin je réalise l’absence de tous besoins.

 

Je vais au-devant de la noire obscurité effrayante,

Où les vents rouges et féroces du karma me pourchasseront.

Les affreux sbires de Yama me battront et me tailladeront.

Alors que j’endurerai difficilement l'insupportable douleur des royaumes inférieurs,

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que je sois libéré·e de l'abîme des royaumes inférieurs.

 

Mes montagnes de fautes, je les cache en moi ;

Mais les fautes des autres, aussi petites que des graines de sésame, je les proclame et les atteste.

En l'absence de la moindre qualité, je me vante pourtant de mon excellence ;

Je me nomme pratiquant·e du Dharma, mais ma conduite n’y ressemble pas.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que s’apaise mon égoïsme et mon orgueil.

 

J’enfouis en moi l’insidieux démon de l’identification à un soi qui me mène à la ruine ;

Cause du développement de l’ensemble de toutes mes kleśas[10].

Portant le fruit néfaste de l’ensemble de mes actions,

Je ne m’approche pas même un peu du chemin de la libération.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

 

Bénissez-moi pour que je tranche à la racine ce « moi » que je saisis.

De simples louanges ou reproches me rendent heureux ou triste ;

Un seul mot dur, et je perds l’armure de ma patience.

À la vue d’êtres misérables, je ne ressens aucune compassion ;

Et quand je rencontre des personnes dans le besoin, le nœud de l’avarice m’entrave.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que le Dharma se mêle à mon esprit.

 

J'attribue un sens au saṃsāra qui n’en a pas.

Pour de la nourriture et de l'habillement, je renonce à mes fermes intentions.

Bien que j'aie tout ce dont j'ai besoin, il m’en faut encore et encore,

Et les phénomènes irréels et illusoires trompent mon esprit.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que je puisse renoncer à me préoccuper de cette vie.

 

Bien que je ne supporte pas la moindre douleur, physique ou mentale,

Par bravade je n’appréhende même pas d’aller dans les royaumes inférieurs.

Bien que je puisse voir que les causes et effets sont infaillibles,

Je n’accomplis aucune vertu, mais les mouvements néfastes ne cessent d’augmenter.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que naisse la certitude en la loi du karma.

 

Avec de la haine pour mes ennemis et de l'attachement pour mes amis,

Je suis perdu·e dans l'obscurité, ignorant ce qu'il faut adopter et rejeter.

Quand je pratique le Dharma, je suis en proie à la torpeur opaque et à l’endormissement,

Mais quand j’agis à son encontre, mes facultés sont vives et mon intelligence affutée.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que soit défaites les kleśas ennemies.

 

De l'extérieur, je ressemble à un·e véritable pratiquant·e,

Mais à l'intérieur, l'esprit et le Dharma ne se sont pas mêlés.

Comme un serpent venimeux, je cache mes kleśas à l'intérieur,

Mais au contact de mauvaises circonstances, les signes de mes défauts cachés se révèlent.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que j’apprivoise mon propre esprit.

 

Ne reconnaissant pas mes propres fautes,

Et adoptant l’aspect d’un·e pratiquant·e du Dharma, mes diverses activités y sont contraires.

Par la force des habitudes nuisibles de mes kleśas,

Toutes les pensées vertueuses que je forme sont encore et encore annihilées.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi que je puisse voir mes propres fautes.

 

Je me rapproche de la mort chaque jour qui passe,

Et chaque jour, alors que cela se manifeste, mon esprit ne cesse de s’endurcir.

Bien que je m’en remette à un gourou, ma dévotion décline,

Tout comme mon affection et ma vue pure s’amenuisent envers mes frères et sœurs du Dharma.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que j’apprivoise cet esprit sauvage.

 

Bien que je pratique le refuge, la bodhicitta et la prière,

Aucune dévotion et compassion n'ont grandi au fond de mon cœur.

Ma pratique du Dharma et mes actes vertueux ne sont que des mots ;

Je m’active, mais en moi, cela ne fait pas mouche.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que tout ce que je fais aille dans le sens du Dharma.

 

Toute souffrance vient du fait de vouloir le bonheur pour soi-même,

Tandis que la bouddhéité est atteinte en souhaitant être utile à autrui - c'est ce qui est dit.

Pourtant, en formant cette résolution suprême, mes objectifs égoïstes sont là au fond de moi.

Ne parlons pas d’aider autrui, même en passant je leur fais mal.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin pouvoir réaliser l’échange avec autrui.

 

Bien que le gourou soit le Bouddha en personne, je le vois comme un simple humain ;

Bien qu’il donne de profondes instructions, j’oublie sa grande bonté.

Je suis déçu·e chaque fois que mes souhaits ne sont pas satisfaits ;

Je suis obscurci·e par une vision erronée, je doute de ses actes et de ses méthodes.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que grandisse en moi une dévotion sans faille.

 

Bien que mon esprit soit le bouddha, je ne le reconnais pas.

Bien que les pensées soient le dharmakāya, je n’en réalise pas le sens.

Bien que la simplicité soit naturelle, je ne peux pas la cultiver.

Bien que la disposition naturelle s’établisse d’elle-même, je ne lui fais pas confiance.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que la conscience auto-connaissante soit libérée en elle-même.

 

Bien que la mort soit certaine, je suis incapable de prendre cela à cœur.

Bien que le Dharma sacré soit vraiment bénéfique, je ne parviens pas à le pratiquer comme il faut.

Bien que la vérité du karma soit certaine, je n’agis pas en conséquence.

Bien qu’il soit certain que la vigilance soit nécessaire, je n’y prends pas appui et laisse la distraction m’emporter.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi afin que je maintienne une attention non distraite.

 

En raison de mes méfaits passés, je suis né·e à la fin des âges, les temps dégénérés,

Mes actions passées devenant autant de causes de souffrance.

En gardant de mauvaises fréquentations, les actes néfastes me voilent,

Et les propos futiles me détournent de la vertu.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

Bénissez-moi pour que je pratique le Dharma avec détermination.

 

Au début, je n’avais de pensées que pour le Dharma,

Et à la fin, ce qui est accompli devient la cause du saṃsāra et des royaumes inférieurs.

La récolte de la libération est ravagée par le gel de la non-vertu,

Et nous agissons comme des brutes criminelles à l’égard de nos intentions finales.

Gourou, vous qui savez, avec compassion regardez-moi prestement !

 

 

Bénissez-moi afin que j’aille au terme ultime du Saint Dharma.

Bénissez-moi pour que le désenchantement naisse au plus profond de moi.

Bénissez-moi pour que je sois conscient·e qu’il n’y a pas de temps à perdre.

Bénissez-moi pour qu’en mon cœur je n’oublie pas la mort.

Bénissez-moi pour que la certitude du karma s’élève en moi.

Bénissez-moi afin qu'aucun obstacle ne se dresse sur le chemin.

Bénissez-moi pour que je persévère dans mes pratiques d’accomplissement.

Bénissez-moi pour que j’intègre au chemin les circonstances défavorables.

Bénissez-moi pour que j’établisse fermement les antidotes.

Bénissez-moi pour que naisse une authentique dévotion.

Bénissez-moi pour que je rencontre le visage de ma disposition naturelle.

Bénissez-moi pour que la conscience qui se connaît elle-même s’éveille en mon cœur.

Bénissez-moi afin que je tranche à la racine les manifestations illusoires.

Bénissez-moi pour que j’atteigne la bouddhéité dans cette vie même.

 

 

Précieux gourou, vers vous je prie ;

Je languis de vous et vous appelle, bienveillant seigneur du Dharma.

Misérable comme je suis, je n'ai d'autre espoir que vous.

Bénissez-moi afin que votre esprit et le mien ne fassent plus qu'un !

 

 

 

Bien que plusieurs pratiquants dévoués m'aient demandé de composer quelque chose comme cela par le passé, j'ai été retardé dans ma démarche.

Récemment, Samdrup Drönma, une femme pratiquante de noble famille, et Deva Rakshita m'ont demandé avec insistance de composer ceci. C'est pourquoi moi, Lodrö Tayé, qui ne fait qu'entretenir l'apparence d'un gourou dans cette époque dégénérée, j'ai écrit ceci au grand centre de pratique de Dzongshö Deshek Düpa. Que la bonté vertueuse se répande !

 

 

 

Cette nouvelle traduction française s’efforce de rendre perceptible la dimension poétique et le souffle dévotionnel présents dans cette prière.

Mais cette intention, même si elle est noble, est encore loin du compte. Il faudra donc la recevoir comme une invitation à renouveler sans cesse les efforts constants des générations de traducteurs et traductrices à venir qui parviendront, sans l’ombre d’un doute, à mettre à jour, à force de travail, d’érudition et de sagesse, la beauté immaculée et la réalisation profonde du grand Jamgön Kongtrul. Puisse ce souhait s’accomplir !

 

 

 

Nota bene : toutes erreurs sont miennes. Merci aux travaux antérieurs qui m’ont aidé : celui de Christian Masse et celui, tout particulièrement, de Lhasey Lotsawa Translations qui a offert, en libre téléchargement, la traduction proposée par Laura Dainty et Oriane Sherap Lhamo en août

2020.

 

Première version faite à Genève, au Centre d’études du bouddhisme tibétain, en février 2021.

Au fur et à mesure des améliorations, suggestions et corrections, d’autres versions suivront.

 

Djinpa Lodreu (Jean-Marc Falcombello), traduction ;

Agathe Chevalier, corrections et édition.


[1] Le siddhi suprême est la réalisation de l'éveil et le siddhi ordinaire est la réalisation de l'un des divers pouvoirs spirituels, tels que le fait de voler, qui viennent avec la pratique spirituelle mais ne sont pas la réalisation éveillée elle- même. Par exemple, dans la tradition du Mahāmudrā, la réalisation suprême est le Mahāmudrā lui-même et les réalisations ordinaires sont par exemple les huit réalisations Ordinaires.

 

 

[2] "Lotus Lumineux", le nom du palais incommensurable de Padmasambhava au sommet de

≪ la montagne couleur de cuivre ≫, la terre pure de Gourou Rinpoché.

 

[3] Ici, littéralement, l’auteur parle du peuple tibétain. Par extension, on peut penser a tous les peuples.

 

[4] Les termas, une catégorie de textes qui ont été caches par Gourou Rinpoché, puis ensuite révélés par des tertons, des ≪ découvreurs de trésors ≫.

 

[5] L’Omniscient Trime Ozer est un autre nom de Longchenpa, contemporain du 3e Karmapa et l’un des maitres les plus importants de la tradition nyingma.

 

[6] Quatre étapes de réalisation dans le chemin du Dzogchen

[7] Ce sont quatre circonstances dans lesquelles l'essence de l'esprit devient (peut devenir) manifeste : 1) "l’état de veille" ; 2)  "le rêve" ; 3)  "le sommeil" ; et 4)  "l’absorption méditative"

[8] Traduction du sanskrit "aśaiksha mārga". Le cinquième des  cinq voies telles qu'elles sont exposées dans la littérature de la prajnāpāramitā. Il s'agit de l'étape ultime du parcours vers l’éveil.

[9] Ce verset de supplication a Kyapje Tulku Urgyen Rinpoché a été compose par Kyapje Dilgo Khyentse Rinpoché (note de la traduction anglaise). Cette strophe n’est pas présente dans le texte commun et ne se récite pas dans notre tradition.

 

[10] Les émotions perturbatrices

 
 
 

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