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Et si ce n'était pas moi ?

Dernière mise à jour : 17 nov. 2022

Mes chers amis,


Je vous livre ce matin mes réflexions matinales :





Et si un matin je me réveillais et que ce n’était pas moi ? Que c’était un autre !

Comment pourrais-je savoir que c’est moi ou que c’est un autre? Quelle est la base qui me permet de définir que c’est bien moi ?


Je me réveille, de l’inconscience relative du sommeil, je passe à un état de conscience éveillée qui me permet d’être conscient de ce que je perçois.

Je suis conscient des sensations tactiles de mon corps. Très rapidement, sans du tout m’en rendre compte, toutes ces sensations font appel à ma mémoire, c'est-à-dire que je dois me rappeler du corps que j’avais et ce qu’était ce corps pour situer la sensation quand je suis allongé dans mon lit, les yeux fermés. Il y a les sensations du corps reposant sur le matelas au niveau du dos, des cuisses, des pieds (et donc je dois aussi me rappeler qu’il y a un matelas). Je me demande comment va mon dos qui me faisait mal hier, et mes dents, mes maux de tête… Je me dis que je me sens en forme, ou que je me sens si fatigué que je resterais encore bien un peu dans mon lit… Toutes ces sensations, elles sont nouvelles, totalement inconnues, je ne les jamais eues comme elles se présentent là, maintenant. Ces nouvelles sensations ne peuvent donc pas être moi, puisque moi j’existais avant. Ce que je perçois sensitivement, tactilement, est nouveau. Pourrais-je dire que c’est un autre ?


En me réveillant, je suis aussi conscient des sons qui sont présents. J’entends Martine qui respire. J’entends le bruit du vent dehors, et le bruit du réveil qui sonne et que j’éteins content d’une journée qui commence, ou en grommelant que je préfèrerais dormir encore un peu. Tous ces sons peuvent-ils définir un moi ? Ils sont changeants et ce n’est pas eux qui me définissent. Moi je perçois ces sons et je ne sais toujours pas qui est ce moi.


Oh j’ai la bouche pâteuse ce matin. Il y aussi des sensations olfactives en plus des sensations gustatives. Elles aussi sont nouvelles, je les découvre dans l’instant. Si je les relie à la mémoire, je peux les comparer aux sensations ressenties les jours avant et construire un moi là-dessus. Ce moi ne serait-il donc qu’une mémoire, une construction mentale ?


Puis, et c’est probablement cela qui occupe le plus de place, il y a le flot des pensées qui colorent tout, qui colorent toutes les perceptions, ou même qui empêchent d’être conscient des perceptions. Un flot de pensées toujours nouvelles, surgissant dans l’instant. Des pensées qui me parlent du passé, c’est la mémoire, la mémoire d’un passé à jamais immuable et dont je ne peux jamais être certain du contenu - oh les faux souvenirs ou les souvenirs déformés ! – des pensées qui me parlent d’un futur qui ne se passe jamais comme je l’ai pensé, ou des commentaires sans fin sur le présent.

Dans ce flux de pensées, puis-je trouver un moi ? Un moi dans des pensées dont je suis totalement incapable de trouver la source, de trouver le lieu d’où elles jaillissent. Quel moi pourrais-je bien saisir ainsi ?

Bien sûr par ces pensées, je peux construire une histoire, et pas n’importe laquelle, mon histoire, à laquelle je vais m’identifier et à laquelle je suis solidement attaché. Comme je le disais plus haut, je ne peux jamais être sûr de la réalité de ma mémoire, et puis cette histoire se produit et il me semble que j’ai bien peu de prise pour l’influencer. Cette pensée « je suis mon histoire » est pourtant bien tenace, mais résiste bien difficilement à l’analyse (un vaste sujet qui demanderait de plus longs développement que cette courte réflexion).

Alors je me lève, j’entre dans la salle de bain et contemple un visage dans le miroir. Suis-je sûr que c’est moi ? Ce visage, tel que je le vois dans le miroir, je ne l’ai jamais vu comme il se présente là, maintenant. Bien sûr ma mémoire me dit qu’il ressemble vaguement, en un peu plus vieux, à celui que j’ai vu hier dans ce même miroir. Mais le visage que je vois là dans le miroir, ce visage tel qu’il est là, je ne l’ai jamais vu. Est-ce un autre ou est-ce moi ? Moi, je suis celui qui regarde ce miroir, je suis présence pour accueillir ce visage, je l’avoue, un peu fatigué par cette réflexion.

De la même façon, je suis présence pour accueillir les sensations tactiles, les sons, les goûts, les odeurs et les pensées.


Au fond, je me réveille et tout est neuf ! Ce maintenant n’a encore jamais existé. Ce moi que j’essaie de penser et de construire au travers de son histoire n’a aucune existence dans l’instant. Et pourtant il existe maintenant, il existe maintenant rempli de tout ce qui est là. Ce que je peux appeler le monde extérieur, c’est à dire les autres êtres et toutes les choses que je perçois et que je découvre dans leur nouveauté et ce qu’on appelle le monde intérieur, mes sensations, mes pensées, mes sentiments, mes émotions, mes mémoires. Que ce soit qualifié d’intérieur ou d’extérieur, c’est ce qui se présente au sein de la Présence. Tout cela n’est qu’un flux de perceptions changeantes surgissant d’instant en instant. Ce flux est totalement insaisissable.

Et si ce moi n’était qu’un flux, en réalité toujours nouveau à chaque instants. Au fond c’est toujours un autre que je continue par habitude à appeler moi. Insaisissable, je suis semblable au vent d’automne qui passe entre mes doigts et fait frémir et tomber les feuilles.


Je vous souhaite à tous une très bonne journée, juste comme vous êtes.


Philippe


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