Mes chers amis,
Quand Jean Marc Falcombello était venu en septembre dernier nous parler de l'amour et de la compassion, il avait basé ses enseignements sur "La marche vers l'éveil" (Ed Padmakara) de Shantidéva, un maître bouddhiste du VIIIéme siècle. Il nous en avait recommandé la lecture.
En prolongement du post d'il y a quelques jours, je vous livre un extrait de ce magnifique livre, toujours d'actualité, 1 000 ans plus tard.
La notion de bien et de mal doit être vue d'une façon différente de celle envisagée dans notre culture judéo chrétienne. Le bien, ce sont les actes bénéfiques, c'est à dire les actes qui entraînent le bonheur d'autrui. Ils me seront bénéfiques dans cette vie ou dans une autre. Ils me permettront de bénéficier de circonstances favorables pour continuer à marcher vers l'Eveil
Le mal, ce sont les actes néfastes qui entraînent la souffrance d'autrui. Immanquablement ils seront sources de mal être pour moi. Au pire cela entrainera une renaissance dans les enfers, dans un monde très pénible. Ce n'est pas une punition ou une récompense, c'est simplement une loi de causalité. Selon les enseignements du Bouddha, selon le Dharma, c'est comme cela que la vie fonctionne.
Je vous souhaite à tous une très belle journée.
Philippe
18. Si je ne fais pas le bien, maintenant que j’en suis capable, que ferai-je alors, hébété par les souffrances des destinées funestes ?
19. Pour qui ne fait pas le bien et accumule le mal, le nom même du bonheur est aboli pour des centaines de millions d’ères.
20. Le Bouddha a dit : « La condition humaine s’obtient aussi rarement qu’une tortue parvient à passer son coup dans l’orifice d’un joug flottant sur l’océan. »
…
23. Il n’y a pas pire duperie ou pire folie que d’avoir trouvé une pareille occasion sans en profiter pour faire le bien.
24. Et si, après avoir compris, par stupidité je succombe à l’indolence, je me condamne à souffrir au moment de la mort.
…
27. Je suis donc dénué de raison, aveuglé par quelque sortilège ! Je ne sais qui m’affole, qui se tient au dedans de moi !
28. Le désir, la haine et les autres passions sont des ennemis sans mains, sans pieds ; ils ne sont ni braves, ni intelligents ; comment ai-je pu devenir leur esclave ?
29. Embusqué dans mon cœur, ils me frappent à leur aise, et je ne m’en irrite même pas ; fi de cette absurde patience !
30. Si j’avais pour ennemis tous les dieux et tous les dieux ils seraient incapables de me traîner au feu de l’enfer.
31. Mais les passions, ces ennemis puissants, me jettent en un clin d’œil dans un feu, au contact duquel le mont Mérou[i] fondrait sans même laisser de cendres.
32. Aucun autre ennemi n’a une vie aussi longue, que la très longue vie, sans commencement ni fin, de mes ennemis les passions.
33. L’homme rend le bien pour le bien. Mais les passions, à qui les sert, ne réservent que le comble du malheur.
34. Leur haine est constante et vivace ; elles sont la source unique du torrent des misères ; et elles habitent dans mon cœur. Comment pourrais-je jouir en paix de la vie?
[i] Dans la tradition bouddhiste et hindouiste, le mont Mérou est la montagne mythique axiale de l'univers faite de pur cristal à l'est, de saphir au sud, de rubis à l'ouest, et d'or fin au nord.
A première vue, cela peut ressembler à l'enseignement judéo chrétien avec la dualité bien et mal.
L'intention de la pensée bouddhiste, de l'enseignement du Bouddha, est de nous libérer de la souffrance. La cause de base de la souffrance est identifiée comme étant la saisie d'un moi, ayant une existence en soi. Ce que je peux comprendre de la pensée bouddhiste au sujet des actes positifs et négatifs n'est pour moi pas culpabilisant.
Cela explique simplement que tu vas mieux dormir si tu aides ton voisin qui est dans la misère, plutôt que si tu lui piques du fric ou que tu lui tapes sur la gueule.
L'intention de base est toujours son bien être associé au bien être de l'autre,…
Dans cette loi de causalité dont on ne doit pas considérer qu’elle soit en elle-même bien ou mal, les réflexions sélectionnées ci dessus nous montrent tout de même que les conséquences ont des vertus positives ou négatives…..
Bien qu’il soit plus gratifiant de considérer les bienfaits il ne faudrait pas les oublier ou les écarter les méfaits mais veiller à les considérer aussi, en analyser les causes, éviter qu’ils ne se reproduisent 😉