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Rigpa

Mes chers amis,


Je partage aujourd'hui avec vous un texte de Longchenpa, un grand maître bouddhiste tibétain du XIVème siècle.

C'est Philippe Cornu qui a traduit ce texte de la tradition dzogchen. Je vous livre un extrait de son introduction dans laquelle il tente d'expliquer ce qu'est rigpa. En vous présentant ce texte, je pense particulièrement aux amis qui sont venus le 27 mai au partage sur "la nature de Bouddha", car rigpa est notre nature véritable.


Le bouddhisme nous amène a une vue, une vision inhabituelle du monde et de nous-même.

Les mots tibétains employés par les bouddhistes n'ont pas toujours de mots correspondants en français, montrant bien que les lacunes de notre langue trahissent des lacunes dans notre connaissance de ce que nous sommes, de ce qu'est notre esprit.


Ce texte est dense et nécessite plusieurs lectures pour commencer à en saisir le sens.


Avec ma profonde amitié pour vous tous, je vous souhaite une belle journée avec un esprit clair.


Philippe Fabri


"Rigpa est un terme spécifique tellement riche et au-delà des concepts que personne n’a jusqu’à présent proposé une traduction satisfaisant pour le définir. Pour des mots d’une telle importance, la traduction par un seul vocable risque d’ailleurs d’aboutir à une réduction conceptuelle du sens. J’ai donc choisi de cerner sa définition au mieux, sans chercher ensuite à traduire le mot « rigpa » dans les textes.

En anglais, rigpa est souvent traduit par awareness (conscience éveillée) et K. Lipman a récemment tenté une définition « l’éclair de connaissance qui donne à l’éveil ces qualités. » Elle est intéressante parce qu’elle met en valeur l’aspect cognitif de rigpa, qui donne toute sa valeur à l’éveil.

Voici comment rigpa est présenté par Longchenpa :


Quand les pensées passées se sont évanouies sans trace aucune,

Dans cette fraîcheur où les pensées à venir ne sont pas encore nées,

A l’instant où s’établit le mode naturel sans artifices,

Voici cette conscience des temps ordinaires,

Et dès que vous fixez votre regard sur vous-mêmes,

Ce regard qui n’a rien à « voir » débouche sur la clarté,

Rigpa dans son évidence, nu et limpide ;

C’est une pure vacuité où rien de particulier n’existe,

Où clartés et vides sont indivisibles,

Ni éternel puisque rien n’y existe vraiment,

Ni néant puisqu’il est clair et vif.

Il ne se réduit pas à l’un, étant présent et conscient en tout,

Et n’est pas le multiple, car tout y est d’une saveur unique dans l’inséparabilité.

Tel est ce rigpa naturel, rien d’autre.


Rigpa est un état de présence claire et éveillée qui transcende l’esprit pensant ordinaire. Il est tel le soleil qui apparaît lorsque s’écartent les nuées des pensées. Rigpa est incomposé, n’a ni origine ni cessation. Dans son essence, il est primordialement pur et sans élaborations, ce que l’on nomme encore vacuité. Mais en nature, il est luminosité spontanément présente. Ces deux aspects sont indissociables.


[…]

On compare traditionnellement rigpa un miroir. Le miroir a deux caractéristiques : il est vide en lui-même, et simultanément il a la potentialité de refléter clairement toutes sortes d’apparences, belles ou laides. Ces apparences, bien que visible dans le miroir, sont incapables de le souiller puisque celui-ci demeure vide par essence. Être sous l’emprise de l’esprit ordinaire et de l’attachement, c’est être fasciné par les reflets et se lancer à leur poursuite, séduit par les uns, irrités ou dégoûtés par les autres. Être dans l’état de rigpa consiste à contempler le déploiement des reflets en demeurant dans la condition naturelle du miroir, sans en être distrait. Les reflets n’ont aucune prise sur le miroir, et celui-ci reste immuable et sans souillure. Ainsi, du point de vue du miroir, les reflets ne posent aucun problème. Ce n’est que lorsqu’on s’y projette, oubliant du même coup la condition naturelle du miroir, que l’illusion s’installe."


Extrait de « La liberté naturelle de l’esprit » de Longchenpa




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