Mes chers amis,
Lama Teunsang, le directeur spirituel du centre bouddhiste de Montchardon dans l'Isère, nous a quitté hier, samedi 7 octobre, des suites d'une longue maladie.
Originaire du Tibet oriental (Kham), Lama Teunsang est né en 1934 dans une famille de lamas laïcs. Attiré très tôt par la pratique spirituelle, il passe une partie de sa jeunesse à voyager au Tibet dans les lieux saints et entre à 17 ans au monastère du Karmapa, à Tsourpou, dans le Tibet central. En 1959, il fuit l’invasion chinoise et se réfugie en Inde, à Rumtek, où il poursuit ses études auprès de ses maîtres et accomplit des retraites de méditation.
Il effectue la retraite de trois ans à Sonada, auprès du très Vénérable Kalou Rinpoché. En 1976, à la demande du 16e Karmapa, il devient le directeur spirituel du Centre de Montchardon qui, grâce à ses efforts inlassables, s’est métamorphosé en ce lieu accueillant et florissant où viennent chaque année, des quatre coins d’Europe, de très nombreuses personnes attirées par le rayonnement spirituel et la personnalité exceptionnelle de Lama Teunsang. Il enseigne en tibétain (traduction en français).
Il est donc venu, à la demande de ses maîtres spirituel, enseigner le dharma en Europe. Il y a consacré toute sa vie à construire le centre de Montchardon qui compte 2 300 adhérents et qui organise plus de 60 stages par an.
Le centre dispose d'un magnifique temple, de salles de réunion et de logements pour les stagiaires dans un magnifique cadre sur les contreforts du massif du Vercors.
Quand lama Teunsang est arrivé en 1976 il y avait juste une petite ferme sans eau ni électricité. Grâce lui soit rendue pour toute cette activité qu'il a développée pour le bien de tous les êtres.
Il a été annoncé par le centre qu'il fallait maintenant laisser le corps (koudoung) de lama Teunsang reposer dans sa chambre comme il est d’usage dans la tradition bouddhiste tibétaine. En effet, dès l’arrêt des fonctions vitales, Lama Teunsang a clairement manifesté les signes du toukdam : il s’est établi dans une absorption méditative post-mortem, dont la durée est incertaine, mais qui peut prendre plusieurs jours. Durant cette période, il est primordial qu’il puisse demeurer dans sa chambre, où seul Lama Sangpo pourra entrer pour vérifier son état.
À propos du toukdam
Du point de vue du bouddhisme tibétain, les pratiquants rompus à la méditation sur la nature de l’esprit considèrent la mort comme un processus crucial qui offre l’occasion de demeurer en méditation pour réaliser pleinement la nature ultime de l’esprit - le Mahamoudra – et atteindre l’éveil. Ce processus est décrit précisément dans les enseignements sur le bardo, que Lama Teunsang a donnés à maintes reprises et qui traitent des moyens de tirer parti du processus de la mort pour atteindre l’éveil.
Pour tenter une description simple, la conscience du méditant expérimenté demeure liée à son corps après que la respiration extérieure s’est éteinte, au moment de la mort physique. Il reste alors ce que l'on appelle le souffle intérieur. Suivant la tradition, plusieurs signes corporels indiquent cet état : le processus de décomposition normal ne se déclenche pas, la peau du méditant reste souple, ses narines ne sont pas pincées comme pour un défunt ordinaire, son teint reste coloré et la région de son cœur reste tiède. Il n'y a pas de pertes de fluides corporels et aucune mauvaise odeur. Cet état peut durer quelques jours, puis un peu de liquide coule des narines et les premiers signes d’altération physique du corps indiquent que l’esprit a définitivement quitté l’enveloppe corporelle. De nombreuses informations sur Internet documentent ce phénomène, qui n’est pas si exceptionnel dans la tradition bouddhiste tibétaine, et des scientifiques ont commencé à mener des recherches sur le sujet.
Avec ma profonde amitié pour vous tous.
Philippe
Merci cher Philippe pour le partage de la disparition de Lama Teunsang.
Avec toute mon affection.